à propos

AUX SOURCES

En 2003, lorsque fut fondée l’association Textes En Paroles, la problématique
la plus prégnante pour les acteurs du spectacle vivant en Guadeloupe,
était celle de la création théâtrale contemporaine en Guadeloupe.

Certaines initiatives avaient vécu s’inspirant du théâtre classique français, ou de grands textes de la littérature contemporaine pour en tirer des adaptations en langue créole, tandis qu’un théâtre plus militant puisait dans la ressource du conte. Enfin une forme dramatique « historique » répondait à la commande institutionnelle dans le cadre des commémorations des abolitions et des combats pour la liberté, dont la plus réussie fut sans conteste « An tan révolusyon Elle court elle court la Liberté » de Maryse Condé en 1989.

Michèle Montantin, présidente de Textes en Paroles depuis sa fondation et directeur du Centre d’Action Culturelle de la Guadeloupe (CACG), de 1982 à 1988, avait œuvré en connivence avec Fanny Auguiac directeur du Centre Martiniquais d’Action Culturelle (CMAC) pour la promotion du théâtre franco-créolophone, en favorisant dans le festival « Les Rencontres Caribéennes de Théâtre » les créations théâtrales de l’espace caribéen et particulièrement du théâtre haïtien alors en pleine effervescence avec Syto Cavé et Frank Etienne…

En 2003, la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) sous la direction de Laurent Ghilini, innovait avec la mise en réseau et en débats de tous les artistes tant dramatiques que plasticiens, initiant un mouvement qui aboutissait à la mise en place en Guadeloupe du Comité d’Experts pour le théâtre, dont Michèle Montantin a été longtemps membre.

Le constat est partagé que la présentation sur dossier des projets de création, répond insuffisamment aux besoins de l’expertise, que le texte doit être transmis sous une forme plus évocatrice des possibilités de mise en scène et de représentation. Il est aussi évident que pour obtenir des créations capables de trouver des publics en Guadeloupe, Martinique et Guyane, mais également en Métropole, il faut améliorer la qualité des textes et puiser dans la richesse de la culture et de l’environnement antillo-Guyanais et dans la franco-créolophonie caribéenne.

On est aussi d’accord que le texte doit rencontrer son créateur, son producteur, il faut donc le promouvoir, le faire entendre, (en premier lieu à l’auteur lui-même), et que cette audition suscite le désir du metteur en scène…

Sans pour autant apporter une solution idoine au Comité d’Experts, ces réflexions permettent de réaliser en 2003, la première manifestation de lectures de textes de théâtre inédits, organisée à la demande de Michèle Montantin, par Noël Jovignot, metteur en scène et directeur de la compagnie Les Déplacés, qui venait d’arriver en Guadeloupe. Il deviendra le directeur artistique de Textes en Paroles après la création de l’association. Dès le départ, ce grand professionnel décidait de puiser dans les textes inédits sélectionnés par Textes en Paroles pour aboutir les créations portées par sa compagnie.